Fibrillation auriculaire
La fibrillation auriculaire ou fibrillation atriale (communément appelée « FA ») est l’arythmie cardiaque la plus fréquente. Elle touche entre 1 et 2% de la population. Sa fréquence augmente avec l’âge, par exemple, elle touche 0.5% des patients âgé de 40 à 49 ans, 7% des patients âgés de 60 à 69 ans et 13% des patients âgés de 80 à 84 ans.
Qu’est-ce que la fibrillation auriculaire ?
La fibrillation auriculaire est une activation électrique anormale des chambres hautes du cœurs (les oreillettes) qui provoque leur contraction rapide et irrégulière, ce qui mène à son tour à une contraction irrégulière des ventricules. Il existe un certain degré de stagnation du sang dans les oreillettes dû à leur contraction anormale et des caillots sanguins peuvent se former.
Il existe 2 formes de fibrillation auriculaire :
- Paroxystique : il s’agit d’une forme intermittente dont les épisodes durent moins de 7 jours. Le reste du temps, le patient est en rythme normal = rythme sinusal
- Persistante : lorsque les épisodes durent 7 jours ou plus
Jusqu’à un patient sur cinq évolue de la forme paroxystique vers la forme persistante en une année.
Causes de la fibrillation auriculaire
Les mécanismes de la fibrillation auriculaire sont complexes et vraisemblablement multiples et font l’objet de nombreuses recherches. De nombreuses maladies cardiaques peuvent augmenter le risque de fibrillation auriculaire :
- L’hypertension artérielle
- Les infarctus myocardiques (attaque cardiaque)
- L’insuffisance cardiaque ou fonction cardiaque diminuée (« cœur faible »)
- Les affections des valvules cardiaques notamment l’insuffisance et la sténose de la valvule mitrale
- Les interventions de chirurgie cardiaque
Certains problèmes médicaux et comportements sont associés à un risque majoré de développer la FA :
- Problèmes de thyroïde
- Consommation excessive d’alcool et alcoolisme
- Apnées du sommeil
- Obésité
- Maladies pulmonaires telles que la bronchite chronique obstructive (BPCO)
- Diabète
- Insuffisance rénale chronique
- Âge
- Le manque d’exercice physique
Les symptômes de la fibrillation auriculaire
Ils sont variables d’un patient à l’autre, un certain nombre de patients ne sentent pas qu’ils sont en fibrillation auriculaire. Près d’un quart des patients atteints de FA ressentent une perte de qualité de vie ou une perturbation de leur vie quotidienne due à la FA.
Les symptômes fréquents sont :
- Palpitations, sentir son cœur battre irrégulier, « battre la chamade »
- Oppression ou douleur à la poitrine
- Etourdissements, « vertiges »
- Intolérance, essoufflement à l’effort
- Fatigue, anxiété
- Envie d’uriner
Les symptômes sévères de FA peuvent être :
- Essoufflement au repos ou pour des efforts minimes
- Perte de connaissance ou malaise sans perte de connaissance
Implications de la fibrillation auriculaire
De grandes études épidémiologiques ont observé une corrélation (association qui ne permet pas d’établir de lien de causalité) entre la fibrillation auriculaire et certaines variables :
- Augmentation de la mortalité toute-cause
- Augmentation de la mortalité cardio-vasculaire
- Augmentation du risque d’accident vasculaire (AVC) ischémique
- Augmentation du risque d’insuffisance cardiaque
- Augmentation du risque de démence
Complications de la fibrillation auriculaire
Les complications sont liées d’une part à la formation de caillots à l’intérieur du cœur et d’autre part au fonctionnement rapide et désorganisé de la contraction cardiaque.
Des caillots sanguins peuvent se former dans l’oreillette gauche chez les patients atteints de fibrillation auriculaire et des fragments ou des caillots peuvent migrer du cœur vers le cerveau, causant un accident cérébral ischémique ou migrer vers d’autres organes (yeux, reins) ou dans les artères majeures des bras ou des jambes. Le risque de développer des caillots sanguins peut être évalué par votre médecin. On propose aux patients à risque modéré ou élevé de caillot de prendre des médicaments liquéfiant le sang ou anticoagulants.
L’autre type de complication lié à la fibrillation auriculaire est dû à l’effet de la contraction rapide et désordonnée des chambres cardiaque qui peut dans certains cas causer une diminution de la fonction cardiaque ou insuffisance cardiaque. Le traitement de la fibrillation auriculaire permet d’améliorer la fonction cardiaque.
Comment diagnostiquer la fibrillation auriculaire ?
La fibrillation auriculaire est d’habitude diagnostiquée par l’enregistrement de l’activité électrique du cœur sur un électrocardiogramme 12 dérivations.
Les autres moyens de diagnostiquer la fibrillation auriculaire sont :
- L’enregistrement holter ECG de 24h ou plus : il permet de voir la durée de la fibrillation auriculaire
- Interrogation de pacemaker, défibrillateur ou holter implantable chez les patients porteurs
- Objets connectés validés pour le diagnostic de FA : Apple watch 3 et plus, Huawei watch : comme ces appareils peuvent faire des erreurs, il est conseillé d’avoir une confirmation par électrocardiogramme en cas d’alerte de rythme irrégulier
- Electrocardiogramme ECG personnels ou iECG : Kardia Mobile, Apple watch 4 et plus, Withings move ECG: ces appareils ont une interprétation automatique mais il est conseillé de montrer les tracés à votre cardiologue
Traitement
Le traitement comprend 3 parties : maintenir le rythme normal, réduire le risque de formation de caillot sanguin et traiter les facteurs de risque.
a) Maintenir le rythme normal (rythme sinusal)
On peut procéder à un choc électrique (cardioversion électrique) qui va remettre à zéro l’activité électrique du cœur et permettre la reprise du rythme sinusal, si la FA est mal tolérée (par exemple tension artérielle basse), cela peut être fait sur base urgente. Dans les autres cas, on recommande de prendre 3 semaines d’anticoagulants et ensuite 4 semaines après le choc électrique. Parfois, on peut recommander une échographie transoesophagienne (ETO) avant le choc électrique afin de vérifier l’absence de caillot dans l’oreillette gauche.
Il y a plusieurs façons de maintenir le rythme sinusal
- Médicaments spécifiques appelés antiarythmiques qu’on peut prendre à la demande en cas d’accès de FA ou en continu, de manière à prévenir le retour de la fibrillation auriculaire, ils peuvent avoir certains effets secondaires et parfois perdre leur efficacité avec le temps
- Méthodes non-médicamenteuses :
- l’ablation par cathéter , il s’agit d’une procédure où de fins câbles électriques sont introduits par l’aine pour détruire sélectivement des zones limitées des oreillettes afin de prévenir la récurrence de FA.
- L’implantation de pacemaker permet de traiter le rythme cardiaque lent qui atteint certains patients qui ont aussi la fibrillation auriculaire. Cela permet d’augmenter les médicaments ralentissant le cœur qu’on peut utiliser pour soigner la FA. Chez certains patients, on peut faire une ablation par cathéter pour déconnecter les oreillettes des ventricules et faire en sorte que le rythme cardiaque soit déterminé uniquement par le pacemaker, c’est-à-dire toujours régulier.
Contrôle de la fréquence cardiaque
Dans certaines situations, notamment aigues, on administre des médicaments qui permettent de ralentir la fréquence cardiaque mais qui ne visent pas à convertir la fibrillation en rythme sinusal. Une partie des symptômes de la fibrillation provient du rythme cardiaque très rapide et par conséquent, ralentir la fréquence cardiaque permet d’améliorer les symptômes.
La décision de contrôler le rythme – garder le rythme sinusal ou de contrôler la fréquence - rester en fibrillation auriculaire dépend des symptômes, des facteurs liés au patient et de la préférence du patient, cela sera discuté avec votre médecin.
b) Réduire le risque de caillots
Les patients à risque de caillots cardiaques reçoivent habituellement des médicaments fluidifiant le sang, des anticoagulants pour diminuer le risque de formation de caillots. Il en existe de 2 sortes, les antivitamines K qui nécessitent un contrôle par prise de sang régulier et dont l’effet est influencé par certains types d’aliments et les nouveaux anticoagulants oraux (NOAC) qui sont aussi efficaces que les antivitamines K mais ne nécessitent une surveillance fréquente par prise de sang. Votre médecin discutera avec vous quel anticoagulant convient le mieux à votre cas.
Les patients à risque de caillots avec contre-indication aux anticoagulants ou antécédent de saignement majeur peuvent être protégés par l’implantation d’une prothèse dans l’oreillette gauche pour prévenir la formation de caillots.
c) Traiter les facteurs de risque
Une partie importante du traitement de la fibrillation auriculaire est contrôler les facteurs de risque qui augmentent le risque de fibrillation auriculaire.
Hypertension : les patients qui sont atteints d’hypertension artérielle doivent avoir comme objectif d’avoir une pression artérielle normale : <140/90mmHg en consultation ou <135/85mmHg à l’automesure
Maladie coronaire : les patients atteints de rétrécissements des artères du cœur (artères coronaires) seront traitées par médicaments, implantation de stent voire même pontage coronarien chirurgical si nécessaire
Surpoids/obésité : il est recommandé de perdre du poids aux patients qui ont un body mass index > 25kg/m² (poids en kilogramme divisé par la taille exprimée en mètre). Une perte de 10% du poids corporel peut être un objectif recommandé par votre médecin
Insuffisance cardiaque : votre médecin prescrira le traitement médicamenteux le plus adapté aux patients en insuffisance cardiaque
Tabagisme : il sera recommandé aux patients tabagiques d’arrêter de fumer
Alcool : en cas de consommation excessive d’alcool, une réduction de la consommation est recommandée (moins de 3 unités d’alcool par jour)
Exercice physique : un exercice physique régulier est recommandé pour la réduction du risque cardiovasculaire et de fibrillation auriculaire
Maladies respiratoires (BPCO) : les patients atteints pourront être référés en pneumologie et bénéficier de traitements inhalés
Syndrome des apnées du sommeil : les patients qui souffrent d’apnées du sommeil devraient être traités par réduction du poids et machine de pression positive continue (CPAP)
Références :
Patient education: Atrial fibrillation (Beyond the Basics)
Wadke, Dis Mon 2013
Wilke, EP Europace 2013
Schnabel, Heart 2018
Rienstra, Circulation 2012
Odutayo, BMJ 2016
Kim, Eur Heart J 2019
AF ESC guidelines 2016